mardi 2 avril 2013

L'hiver de la vie d'Auster

Paul Auster entre dans l'hiver de sa vie et nous parle à la deuxième personne du singulier : une façon singulière de nous interpeller alors qu'il ne parle que de lui. Sa Chronique d'hiver est donc une sorte de bilan autobiographique, physique et géographique, en énumérations lumineuses et libres sur les façons de se mouvoir, de souffrir, de jouir, d'habiter un corps et des lieux. Le temps passe et l'évocation de la mort n'est jamais loin : celle qu'il a lui-même frôlée, celle de ses parents qu'il a subie de plein fouet... Il raconte aussi son bonheur avec sa femme dont il semble s'étonner encore.
"À la lumière de tes échecs passés, de tes erreurs de jugement, de ton incapacité à te comprendre et à comprendre les autres, de tes décisions impulsives et incohérentes, de tes gaffes dans les affaires de cœur, il semble curieux que tu aies abouti à un mariage qui dure depuis aussi longtemps. Tu as tenté de démêler les raisons d'un revirement de fortune à ce point inattendu, sans jamais réussir à trouver de réponse. Un soir, tu as rencontré une inconnue et tu es tombé amoureux d'elle — et elle de toi. Tu ne le méritais pas, mais rien non plus ne s'opposait à ce que tu le mérites. C'est tout simplement arrivé, et rien ne peut rendre compte de ce qui t'est arrivé, sinon la chance."
J'aurais aimé que ce livre soit plus long, sans fin...

Une autre chronique sur les livres autobiographiques de Paul Auster : L'autre écrivain de la jubilation du hasard.

Éditions Actes Sud, 2014, Collection Babel n° 1274, 256 pages.

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