jeudi 23 juillet 2015

Vétilles qui valent la peine

© Yves Tennevin (licence : CC-BY-SA).
La définition de vétille, dans le Larousse, est sans appel : Chose insignifiante, qui ne mérite pas qu'on s'y arrête. Tiens donc...
Christian Garcin mérite qu'on s'attarde, qu'on savoure, qu'on relisent ses Vétilles, son nouveau recueil de soi-disant petits riens : tranches de vies, anecdotes du quotidien ou souvenirs de voyages au bout du monde, notes de lectures ou de théâtre, pensées petites et grandes, citations littéraires ou conversations cocasses entendues ici ou là...
On sent le regard pétillant, pas toujours tendre, souvent moqueur et drôle, un brin pessimiste, sur le monde. Le tout avec le style qui est le sien, apparemment simple, tout en poésie subtile et vagabondages tranquilles.
Christian Garcin nous invite dans son univers — par petites pièces d'un puzzle incomplet —, partage ses points de vue et ses doutes, pour finalement nous ramener à nous et agrandir notre propre horizon, avec jubilation.

Par exemple, page 73 :
"Parmi les escroqueries de notre société de consumérisme effréné, il y a celle qui consiste à dire que lorsque la consommation baisse, c'est le “moral des ménages“, ou  “des Français“, qui baisse dans les mêmes proportions. Or, c'est précisément l'inverse qui se produit, chacun ayant déjà fait l'expérience de ce type de vases communicants : lorsque les gens ont le moral en berne, ils compensent cette légère déprime en consommant le plus possible. Plus on va mal, plus on consomme — et non l'inverse."
Et surtout, page 100 :
 "Logé dans un appartement agréable, près de l'abbatiale de Romainmôtier où ont lieu les rencontres. Une bibliothèque avec les habituelles sous-merdes américaines : Dan Brown, John Grisham, etc. Affligeante sous-littérature qui sera bientôt, chez nous aussi, la seule disponible à tous — les happy few devant alors connaître les circuits et réseaux de distribution parallèles où trouver une littérature qui vaille la peine."
En effet, nous, les happy few, savons déjà où la trouver.

L'escampette Éditions (Poésie & Vagabondages), 2015, 130 pages. 
La plupart de ces notes sont parues dans les revues L'Atelier contemporain, L'Animal et Théodore Balmoral entre 2001 et 2012.

D'autres chroniques sur :
- J'ai grandi
- Labyrinthes et Cie, La jubilation des hasards et Carnet japonais
- La neige gelée ne permettait que de tout petits pas


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