lundi 30 juillet 2012

L'autre 1984, avec un Q comme Question

1Q84 de Haruki Murakami fait clairement référence au 1984 de George Orwell, aux mondes parallèles, à la violence cachée, aux mondes totalitaires, aux sectes, mais aussi aux violences faites aux femmes et aux petites filles. Il est aussi beaucoup question de littérature et d'écriture.
Deux histoires s'entrecroisent (mais ne se croisent pas encore dans le Livre 1 Avril-Juin). Celle d'un professeur de mathématiques — sans histoires, dans tous les sens du terme — qui se trouve embringué dans une histoire de l'autre monde (vraiment) et qui lui fournira une trame de roman. Et celle d'une instructrice d'arts martiaux qui n'hésite pas, pour la juste cause, à "déplacer quelqu'un vers un autre monde".
"1Q84 — voilà comment je vais appeler ce nouveau monde, décida Aomamé. Q, c'est la lettre initiale du mot Question. Le signe de quelque chose qui est chargé d'interrogations."
La suite dans les livres 2 (Juillet-Septembre) et 3 (Octobre-Décembre) : voir ma chronique.

Éditions Belfond, 2011, 544 pages.

jeudi 26 juillet 2012

C'est La vie !

Le principe du roman de Régis de Sa Moreira, La vie, est amusant : un personnage en croise un autre qui pense à un autre et, de paragraphe en paragraphe, on passe de l'un à l'autre comme du coq à l'âne.
Un homme, une femme, un enfant, une grand-mère, un embryon, un fou, une actrice, une cuisinière...
L'action rebondit, n'a ni queue ni tête, mais c'est La vie !

Éditions Au Diable Vauvert, 2012, 120 pages. 


dimanche 15 juillet 2012

Deux + deux = trois ou cinq

Françoise commande "Vide et plein : le langage pictural chinois" de François Cheng à sa libraire et reçoit "Le vide et le plein : Carnets du Japon 1964-1970" de Nicolas Bouvier. J'en hérite et je fais un beau voyage au Japon... de mon canapé.
J'ai noté deux passages dans ces carnets de notes de l'écrivain voyageur : des réflexions sur le voyage et sur la littérature.
"Trop de gens attendent tout du voyage sans s'être jamais souciés de ce que le voyage attend d'eux. Ils souhaitent que le dépaysement les guérissent d'insuffisances qui ne sont pas nationales, mais humaines, et l'ivresse des premières semaines où, tout étant nouveau, vous avez l'impression de l'être vous-même, leur donne l'impression passagère qu'ils ont été exaucés. Puis quand le moi dont ils voulaient discrètement se défaire dans la gare du départ ou dans le premier port les retrouve au détour d'un paysage étranger, ce moi morose et solitaire auquel on pensait avoir réglé son compte, ils en rendent responsable le pays où ils ont choisi de vivre."
"Si l'on comprenait tout, il est évident que l'on n'écrirait rien. On n'écrit pas sur : deux + deux = quatre. On écrit sur le malaise, sur les sentiments complexes qui naissent de : deux + deux = trois ou cinq."
Éditions  Gallimard, Collection Folio n° 4898, 2009, 256 pages.

vendredi 6 juillet 2012

À noter sur vos listes

Ça fait plaisir : encore un livre que j'ai eu du mal à lâcher une fois commencé et que j'ai envie d'offrir à tout le monde : La liste de mes envies de Grégoire Delacourt. À noter sur vos listes de livres à lire. Le roman remporte déjà un beau succès. Bien mérité !
Cela parle de liens et de bons sentiments, de la difficulté à les installer et de leur rapidité à disparaître. Cela parle d'amour et des petits bonheurs à goûter ici et maintenant. Cela parle aussi de trahison, de deuil, de maladie de fin de vie... C'est triste et c'est optimiste.
C'est juste, clair, simple (ce qui est difficile à écrire).
Laissez-vous tenter par l'histoire de cette mercière d'Arras qui gagne à Euromillions et qui a peur que l'équilibre lumineux de son quotidien n'explose.
Je ne vous en dis pas plus : j'espère vous avoir donné envie.

Éditions JC Lattès, 2012, 220 pages.

mercredi 4 juillet 2012

Pervers pépères

Le livre était là depuis plusieurs semaines, envoyé par les éditions Eyrolles, sans que j'aie vraiment envie de m'y plonger. La curiosité a fini par agir. Le titre a des allures de thriller : "J'ai aimé un pervers" et, en effet, quelle tension ! Le style ne cherche pas à être littéraire, mais les récits prennent à la gorge dès le début. Et le pire, c'est que tout est vrai.
Ce sont trois histoires croisées, vécues par trois femmes différentes — Mathilde Cartel, Carole Richard et Amélie Rousset — qui racontent des expériences similaires avec leurs maris pervers narcissiques.
Elles se sont rencontrées dans un séminaire sur la manipulation dans le couple et au travail, après avoir enfin réalisé qu'elles vivaient, depuis des années, sous la coupe d'un fou qui trompait bien son monde.
Les récits s'articulent selon les différentes étapes caractéristiques du lent processus de destruction : les alertes qu'on n'écoute pas, le sentiment de solitude, l'alternance du chaud et du froid, la manipulation, la culpabilisation, la dévalorisation... et finalement comment elles s'en sont sorties. Ouf ! Ça finit bien pour elles, mais leurs témoignages est d'utilité publique : informer d'autres victimes et les aider à réagir. Les pervers narcissiques représentent 2 à 3 % de la population et nous en avons déjà probablement rencontré.
Il paraît que la version "perverse mégère" existe aussi. Les témoignages de leurs maris persécutés seraient les bienvenus...

Éditions Eyrolles, Collection Histoires de vie, 2012, 200 pages.