vendredi 24 août 2012

Le film qui donne envie de relire Musset

Confession d'un enfant du siècle de Sylvie Verheyde est un film ultra romantique et ultra moderne, d'après le roman autobiographique d'Alfred de Musset sur sa liaison avec George Sand.
Le choix de la rock star anglaise Pete Doherty en Octave, dandy blafard et décadent, est idéal pour réincarner l'amant de Brigitte Pierson (le personnage inspiré de George Sand) interprété par la délicate Charlotte Gainsbourg. Dommage que pour s'adapter à Pete Doherty, Musset soit traduit en anglais. Restent les sous-titres en français fidèles au poète du XIXe.
Je ne suis pas certaine que les jeunes fans de Pete Doherty supportent ce film délicieusement lent, long, tourmenté, et où il ne se passe pas grand-chose... mais les romantiques du XXIe siècle apprécieront.

dimanche 19 août 2012

Ça marche !

"Dix ans après Éloge de la marche, et n'ayant jamais cessé de marcher, j'ai voulu reprendre le chemin de l'écriture pour témoigner d'autres expériences, de rencontres, de lectures", annonce David Le Breton, professeur de sociologie à l'Université de Strasbourg, au début de son deuxième essai sur la marche : Marcher, Éloge des chemins et de la lenteur.
Le cheminement du livre part du Statut de la marche pour rejoindre les Compagnons de route, en passant par diverses étapes, dont : Lenteur, Sensorialité, Manger, Dormir, Marcheuses, Paysage, Méditerranée, Soucis, Marcher en ville, Spiritualité, La marche comme renaissance.
Ses compagnons de route sont d'autres auteurs — marcheurs et voyageurs — qu'il cite : Bouvier, Lacarrière, Rousseau, Stevenson, Tesson, Thoreau...
"Le monde n'est pas avare de ses offrandes ni le voyageur de les recevoir. Tout voyage est un cheminement à travers les sens, une invitation à la sensualité. Une foule de sensations heureuses justifie mille fois d'exister et surtout d'être là à ce moment."
Aussi bien écrit que documenté : ça marche !

Éditions Métailié, 2012, 140 pages.

dimanche 5 août 2012

Travailler moins pour jouir plus !

En rangeant mes livres, je retrouve ce texte — utopiste mais non moins actuel et charmant — de Bertrand Russell : Éloge de l'oisiveté, que je viens de relire à la plage, en attendant que mon maillot sèche (autrement dit, en très peu de temps vu les températures diurnes à la plage des Catalans).
Il a paru pour la première fois en 1932 et a été réédité en 2002 par les éditions Allia.
Je vous cite les dernières phrases :
"La bonté est, de toutes les qualités morales, celle dont le monde a le plus besoin, or la bonté est le produit de l'aisance et de la sécurité, non d'une vie de galérien. Les méthodes de production modernes nous ont donné la possibilité de permettre à tous de vivre dans l'aisance et la sécurité. Nous avons choisi, à la place, le surmenage pour les uns et la misère pour les autres : en cela, nous nous sommes montrés bien bêtes, mais il n'y a pas de raison pour persévérer dans notre bêtise indéfiniment."
Éditions Allia, 2002, 48 pages.
 
Dans la même collection (à collectionner, donc) aux éditions Allia :
- Kazimir Malévitch : La Paresse comme vérité effective de l'homme.
- Clément Pansaers : L'Apologie de la paresse.
- Robert Louis Stevenson : Une Apologie des loisirs.
- Paul Lafargue : Le Droit à la paresse.
- Samuel Johnson : Le Paresseux.

vendredi 3 août 2012

La vieille dame qui croit au père Noël

C'est à quatre-vingt-dix ans, en 2009, que Anne Ancelin Schützenberger écrit Le plaisir de vivre. Elle raconte sa vie et celle de sa famille (traversées d'histoires tellement incroyables qu'on ne l'a souvent pas crue), sa façon de voir la vie et son énergie à toutes épreuves, grâce à la sérendipité et au plaisir de vivre. Cette étonnante vieille dame croit encore au père Noël (et dire qu'on a culpabilisé parce que mon neveu de sept ans y croyait encore en décembre dernier !) :
 "Moi, le père Noël, je continue d'y croire. Parce que pour moi, le miracle, la chance d'un hasard heureux, cela arrive sans arrêt. Il me semble que beaucoup de choses arrivent parce qu'on y croit. Et parce qu'on y croit, on est capable de le voir lorsque cela survient."
Elle résume également son parcours professionnel passionnant. Elle est surtout connue pour son best-seller sur la psychogénéalogie — Aïe, mes aïeux ! —, et a beaucoup travaillé aussi avec les malades atteints de cancers, dont certains guérissent soudain, reprenant goût à la vie.
"On a d'autant plus envie de vivre qu'on a réellement affronté la mort, qu'on s'est découvert soi-même, ses possibilités et sa voie."
Une lecture d'utilité publique, à lire et à offrir à tous les âges !

Éditions Payot & Rivages, Collection Petite Bibliothèque Payot n° 814, 2011, 224 pages.
Le site de Anne Ancelin Schützenberger.

mercredi 1 août 2012

Vacances en famille

Vous avez remarqué comme on régresse un peu quand on retourne en vacances dans la maison familiale ? On redevient fils ou fille de Untel, neveu ou nièce... On replonge dans le cocon et les lois du clan, avec des moments d'émotions ou de tension.
C'est le thème du livre de Caroline Lunoir : La faute de goût. Un roman où je ne vois aucune faute de goût dans le style : personnel et agréable. Le clan qu'elle décrit — avec une grande justesse — est à la fois féroce et attendrissant, comme toutes les familles. La narratrice en fait partie, hérite de certains côtés et tente de prendre ses distances avec d'autres, avec le réalisme de sa jeunesse, car les temps changent d'une génération à l'autre. Mais comment s'y opposer quand l'humiliation manque de classe (sans lutte de classe) ? Est-ce une question de place dans le groupe auquel nous appartenons ?
Le récit se situe en août, entre cuisine et piscine, entre cousines et grands-parents. C'est le roman idéal pour lire intelligent pendant les vacances, sans se prendre la tête. 

Éditions Actes Sud, 2013, Collection Babel n° 1194, 128 pages.