samedi 31 janvier 2015

Dora Bruder, héroïne éponyme

Dora Bruder devrait prochainement donner son nom à un lieu de Paris, dans le 18e arrondissement où elle a vécu, d'après une annonce faite par la maire de Paris, Anne Hidalgo, le 19 janvier dernier, lors d'un hommage à Modiano.
Dora Bruder est avant tout l'héroïne éponyme de l'enquête de Patrick Modiano qui tente, à partir d'une annonce lue dans un vieux journal, de reconstituer le parcours de cette jeune fille qui avait disparu, suite à une fugue, avant de disparaître totalement, via Drancy, à Auschwitz.
L'écrivain fait un parallèle avec sa propre histoire, sa propre fugue et son propre père qui avait réussi à échapper à une rafle à l'époque où Dora Bruder, elle, n'a pu échapper à son destin.
Avant de trouver des documents administratifs lui permettant de redonner vie à Dora, Patrick Modiano s'était inspiré de cette annonce pour écrire un autre livre.
"Il me semblait que je ne parviendrais jamais à retrouver la moindre trace de Dora Bruder. Alors le manque que j'éprouvais m'a poussé à l'écriture d'un roman, Voyage de noces, un moyen comme un autre pour continuer à concentrer mon attention sur Dora Bruder, et peut-être, me disais-je, pour élucider ou deviner quelque chose d'elle, un lieu où elle était passée, un détail de sa vie."

C'est Hemingway qui résume le mieux la situation : "À partir d'événements qui se sont produits, de tout ce que vous savez et de tout ce que vous ne pouvez pas savoir, vous inventez quelque chose qui n'est pas une représentation mais quelque chose d'entièrement neuf, plus vrai que n'importe quoi de vrai et de vivant, et vous le faites vivre, et si vous vous y prenez assez bien, vous lui donnez l'immortalité. C'est pour cela qu'on écrit et pour rien d'autre."

Bien sûr, l'histoire de Dora n'est qu'un exemple, un prétexte, un symbole pour rappeler la disparition de ces milliers de personnes qui n'ont laissé aucune trace.

D'autres chroniques sur Patrick Modiano :
- Catherine Certitude ;
- L'herbe des nuits ;
- Un pedigree ;
- Prix Nobel.


mercredi 28 janvier 2015

La double vie de Catherine

Patrick Modiano transforme l'inconvénient de porter des lunettes en avantage : il suffit de les enlever pour se retrouver dans un monde plus doux et personnel. C'est l'histoire de Catherine Certitude, qui est devenue danseuse comme sa maman et qui portait des lunettes comme son papa. Dans son cours de danse new-yorkais, elle se souvient de son enfance à Paris.
On retrouve l'univers nostalgique de Modiano et ses déambulations dans un quartier de Paris, autour de la gare du Nord, avec une mère absente et un père qui a un travail un peu louche mais qui est si gentil.
La tendresse de leur relation est délicatement illustrée par Jean-Jacques Sempé.
Le livre idéal pour faire connaître la littérature et le dessin aux enfants avec deux auteurs essentiels.

Éditions Gallimard Jeunesse, Collection Folio Junior, 2014, 96 pages.

lundi 26 janvier 2015

Glaneuse de rêves

La chanson a été un moyen pour Patti Smith de faire entendre ses poèmes. Elle est donc avant tout poétesse, ce qui ne fait aucun doute avec son récit autobiographique Glaneurs de rêves.
Elle y aborde son enfance par petites touches. Les souvenirs semblent l'inspirer pour de belles envolées planantes. Le style est bien plus poétique et abstrait que dans son autre récit-hommage à Robert Mapplethorpe, Just kids (voir ma chronique).
Une première version de ce texte avait été éditée aux États-Unis en 1992 sous le titre Woolgathering (qui fait référence à la laine plus qu'aux rêves). Cette nouvelle édition de 2014 est augmentée d'autres textes et photos.
La photo de couverture (La fileuse de Millet) m'a laissée perplexe, en comparaison des belles photos de Patti Smith qui se trouvent en pages intérieures et qui auraient pu illustrer le livre de façon plus attrayante et rock and roll. Or, elle évoque à plusieurs reprises ce peintre à propos de ses grands-parents bergers et de souvenirs des champs. L'éditeur américain, quant à lui, avait choisi La bergère du même peintre, encore plus tristounette. Pourtant, l'auteur précise, dans sa préface écrite en 2011, que la rédaction de ce livre l'a tirée d'une "mélancolie terrible et inexprimable".
"Quelqu'un m'a demandé si je considérais Glaneurs de rêves comme un conte de fée. J'ai toujours adoré les contes, mais j'ai peur que cette définition ne lui convienne guère. Tout ce que contient ce petit livre est vrai, et écrit exactement tel que ça s'est passé. Son écriture m'a tirée de mon étrange torpeur et j'espère que, dans une certaine mesure, il vous emplira d'une joie vague et singulière."
Éditions Gallimard, Hors-série littérature, 2014, 112 pages.

vendredi 23 janvier 2015

Les grands aussi dessinent des maisons

Les enfants adorent dessiner des maisons. Les grands aussi.
Didier Cornille, dans Toutes les maisons sont dans la nature, assure les textes et les dessins pour présenter aux enfants dix maisons contemporaines, réalisées par de grands architectes ou designers. Cette sélection représente une petite histoire de l'architecture des maisons individuelles dans le monde, des plus luxueuses aux plus rudimentaires, de 1924 à 2002, dessinées par de grands noms tels que Frank Gehry, Le Corbusier, Jean Prouvé, Rem Koolhaas, Shigeru Ban, Frank Lloyd Wright...
Le mobilier est également abordé.
Le texte et très clair, bien résumé et expliqué. Les dessins sont élégants, simples et précis.
Je l'ai offert à mon neveu et j'ai pris autant de plaisir à le lire que lui.

Du même auteur aux mêmes éditions Hélium :
- Tous les ponts sont dans la nature (Pépite du livre d'art 2014) ;
- Tous les gratte-ciel sont dans la nature.

Éditions Hélium, 2012, 86 pages.

lundi 19 janvier 2015

L'autre cuisine de Marguerite

La cuisine des écrivains est souvent une métaphore pour évoquer leur façon d'écrire.  
Marguerite Duras aimait parler des deux : les plats qu'elle concoctait pour ses amis et son rapport à la littérature.
Duras - La cuisine de Marguerite est un recueil amusant, bourré d'anecdotes appétissantes : des extraits de livres où elle parle de cuisine, des extraits d'entretiens, des fac-similés de notes manuscrites, des photos et, bien sûr, des recettes.
On y trouve, par exemple, des titres de recettes croustillants et évocateurs, comme "Les petits pâtés de la grand-mère de Michèle Muller pour les pique-niques à l'île Sainte-Marguerite et la promenade en mer" : tout un roman. Et des recettes de curry à la Réunionnaise et de rougail données à sa mère par son professeur de piano à Vinh-Long, qui était Réunionnaise. Et des recettes incomplètes, donc peu réalisables, que Marguerite avoue n'avoir noté que pour la sonorité d'un ingrédient !
Je m'étais déjà inspirée de sa liste de produits qu'il faut "toujours avoir à la maison" (parue dans La Vie matérielle), très pratique pour ne rien oublier en faisant les courses.
D'ailleurs, elle décrit parfaitement l'angoisse du manque de café :
"Pourquoi la maison est-elle dans cet état d'être sans café alors que les gens qui l'habitent savent très bien pour la plupart d'entre eux, que c'est une des choses les plus terribles de la vie que de se lever sans café aucun, dans une maison vidée du café ?"
Autre anecdote sur le livre : édité par Jean Mascolo, le fils de Marguerite, aux éditions Benoît Jacob, il avait été interdit à sa sortie, en 1999, par Yann Andréas, l'exécuteur littéraire de Duras, qui ne le trouvait pas à la hauteur de l'œuvre de Marguerite, et le voilà à nouveau dans les librairies. Je trouve, au contraire, qu'il apporte un petit quelque chose en plus, de tout à fait savoureux, justement. Je l'ai acheté à l'occasion de la passionnante exposition Duras Song, portrait d'une écriture (15 octobre 2014 - 12 janvier 2015) au Centre Pompidou, où l'on pouvait voir de nombreux manuscrits raturés, réécrits, annotés, comme les coulisses de son travail, de sa cuisine littéraire.

Éditions Benoît Jacob, 2014, 62 pages.


Affiche de l'exposition : « Encre assassine », 2014 de Thu Van Tran. Livre, bleu de méthylène, 26 x 42 cm (détail). Portrait de Marguerite Duras issu de la collection Jean Mascolo.

samedi 17 janvier 2015

« L’individu stupide est le type d’individu le plus dangereux. »

Le texte des Lois fondamentales de la stupidité humaine de Carlo M. Cipolla (1922-2000), spécialiste de l'histoire économique, professeur à l'Université de Berkeley et à l'École normale supérieure de Pise, a été diffusé dès 1976 aux États-Unis, puis publié en 2011 en France pour la première fois, car — malheureusement — la stupidité humaine n'a pas diminué.
Comme l'annonce l'auteur dans son introduction, il s'agit d'un essai scientifique, malgré le ton souvent sarcastique, qui décline le sujet en cinq lois fondamentales et quelques intermèdes.
"Permettez-moi de souligner ici que ce petit livre ne saurait en aucun cas être taxé de cynisme ou de défaitisme, pas plus que ne pourrait l'être un ouvrage de microbiologie. Ces pages sont en fait le résultat d'un effort constructif visant à détecter, à connaître et peut-être à neutraliser l'une des plus puissantes forces obscures qui entravent le bien-être et le bonheur de l'humanité."
Bref, indispensable à lire car, malheureusement encore, cette lecture nous rappelle forcément quelques exemples, des plus navrants et quotidiens aux plus terrifiants.

Éditions Puf, 2014, 72 pages.
Une réédition de 2014, toujours aux PUF, comprend des dessins de Claude Ponti.


vendredi 16 janvier 2015

La fascinante Violette Nozière

Raphaëlle Riol, croyant s'emparer du personnage énigmatique et magnétique de Violette Nozière, a littéralement été phagocytée par son sujet. Dans ultra Violette, elle raconte son projet de biographie, son enquête (ses étapes et ses fausses pistes), ses réflexions personnelles, la façon dont le fantôme de la jeune femme perturbe sa réalité. Finalement, il s'agit d'une sorte d'autobiographie du travail en cours, une forme originale avec photos d'époque à l'appui.
Dans les années 30, Violette Nozière a défrayé la chronique en empoisonnant ses parents. Seule la mère en réchappe. Le procès est retentissant. Elle sera condamnée à mort, puis à perpétuité, puis graciée, puis réhabilitée dans les années 70 ! Un parcours exceptionnel et une femme exceptionnelle qui mènera à sa sortie de prison une vie rangée d'épouse et de mère de famille.
Elle a inspiré les Surréalistes qui l'ont élevée au rang de mythe, mais aussi des écrivains et le cinéaste Claude Chabrol, avec une Isabelle Huppert remarquable dans le rôle.
Elle continue à fasciner, à faire couler beaucoup d'encre : preuve en est avec ce livre hybride tout à fait passionnant.
"J'aurais dû être plus vigilante, j'en conviens. Je me suis laissé prendre au piège de ma propre ambiguïté. Ce que je vais dire est difficile à comprendre sinon par des romanciers. Mon personnage m'a dominée. Il n'en fait qu'à sa tête, il s'est radicalisé. Violette m'a manipulée, m'a entraînée au pas de course vers une fin qui n'était pas forcément celle à laquelle j'avais songé au départ."

Édition Le Rouergue, Collection La Brune, 2015, 192 pages.

mardi 13 janvier 2015

Récit d'un drame annoncé

Dès le début du roman de Mathieu Belezi, Un faux pas dans la vie d'Emma Picard, nous voilà prévenus : le drame, terrible, est annoncé.
Cette femme qui a accepté un lopin de terre en Algérie, dans les années 1860, va vivre une tragédie épouvantable et perdre trois de ses fils dans cette aventure catastrophique. Elle fait le récit de ses malheurs en série alors que le quatrième est alité auprès d'elle. Comme la mère de Marguerite Duras en Indochine, les fonctionnaires lui ont octroyé une terre hostile. Elle s'acharnera, envers et contre tout : maladies, famine, invasion de sauterelles et autres catastrophes naturelles... Le sujet donne un éclairage différent sur les colons.
Pourquoi poursuit-on la lecture sachant qu'elle ne sera pas spécialement divertissante ? Parce que l'écriture est remarquable : le récit de la mère alterne passé et présent, différenciés par une forme en italique, dans un déroulement très cohérent, seulement ponctuée de virgules : ni points ni majuscules. Le style est poétique, très imagé :
"Le vent a tisonné les terres huit jours durant, dénudant les arbres, dépouillant de leurs insectes les touffes de thym et de romarin, brisant les tiges des herbes folles, soufflant son haleine hostile à travers la garrigue, débusquant les dernières fleurs dans les recoins tièdes, et chacun de nous en avait par-dessus la tête de ce remue-ménage, la nuit nous dormions mal, recroquevillés sous les couvertures, le jour nous nous entortillions dans tout ce que nous pouvions trouver de vêtements."
Éditions Flammarion, 2015, 264 pages.

samedi 10 janvier 2015

Imbu, imbuvable, mais drôle

Il est odieux, cynique, nihiliste, misanthrope — et bien sûr misogyne — et alcoolique mondain (comme si ça excusait quoi que ce soit), à tel point qu'il en devient comique — sans le vouloir bien sûr. Il n'a rien à foutre de rien ni de personne mais ne peut pas s'empêcher de traîner dans les soirées et les bars, toujours un verre de cocktail à la main.
Les vignettes sont souvent similaires: ce type en costard, dont on ne connaît pas le nom mais dont on sait qu'il est psy (!), tient son verre dans la première, sort une vanne dans la deuxième et boit dans la troisième, certainement pour oublier la bêtise humaine — et la sienne. Il a souvent pour interlocutrice une fille qui fume (lui pompe l'air tout autant que les autres) et lui sert de souffre-douleur. Il y a quand même un autre personnage féminin qui lui tient tête, en étant tout aussi suffisante que lui. Cocktail déconnant.
Dans la vraie vie, on ne voudrait pas le connaître, mais sur le papier il est tellement imbuvable qu'il en est terriblement drôle.
Thom J. Tailor, l'auteur, a créé le blog Drink a Lol en 2011 pour ses premières histoires, puis a fait appel à la graphiste Ookah pour améliorer le tout.

Éditions Marabout, collection Marabulles, 2015, 160 pages.

jeudi 8 janvier 2015

Comment être Iranienne ?

Le voile de Téhéran est un magnifique roman de l'écrivain iranienne Parinoush Saniee. Un pavé de 550 pages impressionnant sur la vie d'une femme iranienne, de son enfance à l'âge mûr de grand-mère, c'est-à-dire à partir des années 70 jusqu'à nos jours.
Le premier chapitre sur l'enfance et l'adolescence peut rebuter (bien que très juste dans l'évocation de cette période), mais lorsque la narratrice gagne en maturité, le roman gagne en intérêt et on ne peut plus le lâcher. Il est d'une justesse et d'une profondeur qui forcent l'admiration, tant sur le plan émotionnel que politique, religieux, idéologique, historique, tout en restant très accessible, écrit dans un style simple, d'autant qu'il se place du point de vue du quotidien d'une femme au fil des années, de son mariage à sa volonté d'étudier et à l'éducation de ses enfants... Elle ne se départira jamais de son courage et de son abnégation malgré les terribles épreuves : son mari, engagé politique emprisonné puis assassiné ; son fils aîné parti en exil clandestinement ; son fils cadet disparu au combat pendant la guerre contre l'Irak... Bien sûr, elle connaîtra aussi quelques moments heureux.
Un roman intelligent et passionnant, édité par Robert Laffont, qui sort en librairie précisément aujourd'hui.

Éditions Robert Laffont, 2015, 560 pages.

mercredi 7 janvier 2015

Un Irlandais en Espagne

Quel plaisir de lire Les vacances de Mr Lynch, de Catherine O'Flynn ! Les personnages sont émouvants, drôles (j'ai éclaté de rire par moments), bien campés. C'est très bien vu. 
C'est l'histoire de Dermot Lynch, un chauffeur de bus à la retraite et veuf depuis peu, qui déboule chez son fils informaticien, émigré en Espagne, dans un soi-disant paradis au soleil. Sauf que, la crise aidant, tout part à vau-l'eau et le lotissement de rêve déserté par les promoteurs est limite fantomatique. D'ailleurs, la crise est aussi intérieure pour le fils qui file un mauvais coton. Autant le père est sympathique, plein de bon sens et d'humour, autant le fils est à côté de la plaque, mal dans sa peau, négatif. Nous assistons à une confrontation à la fois des générations et des caractères qui se révèlera très touchante car les deux hommes vont se connaître un peu mieux.
Il est question de cette émigration du Nord vers le Sud, de ces riches qui cherchent une place au soleil, mais aussi de cette émigration des pauvres vers les pays riches, les clandestins venant d'Afrique, comme les Irlandais vers l'Angleterre, à une autre époque.
C'est une vision de la société contemporaine très juste, sensible et loin des clichés.
Il fut interloqué d'entendre le rire d'Eamonn. Inchangé depuis ses dix ans. Une sorte de gloussement explosif, crachotant. Dermot le dévisagea avec étonnement.
"Ma parole, fils, t'es resté un môme."
Éditions Jacqueline Chambon, 2015, 352 pages.

lundi 5 janvier 2015

Revoir Venise et mourir

Morte à Venise est une nouvelle de Pauline Louis éditée dans la collection 36e Deux Sous (à 3 €) des éditions Lunatique.
Depuis qu'elle a vu Senso, le film de Visconti, Carmen n'a qu'un rêve, celui de voir Venise, car elle s'imagine en comtesse Livia. À plusieurs reprises, son rêve se réalise, avec plus ou moins de bonheur, grâce à chacun de ses maris ou amant, qu'elle aime toujours moins que la Sérénissime, ce qui les tue à (plus ou moins) petit feu.
"Bertrand trouvant sa femme distante et mélancolique, voulut lui faire plaisir et lui proposa une traversée de Venise en gondole. Ils rejoindraient la piazza San Marco pour y déguster une pâtisserie au café Florian. Les prix pratiqués par les gondoliers incitèrent Bertrand à partager la gondole avec un groupe de Belges qu'il trouva par ailleurs charmants. Devant le café Florian, il n'eut pas besoin d'étudier longuement la carte pour s'affoler du montant de deux tranches de Tiramisù, et il expliqua gentiment à son épouse que, pour le même prix, ils pourraient s'offrir un dîner — entrée, plat, fromage ou dessert — dans une de ces si pittoresques trattorias."
La réalité ne peut être qu'une frustration comparée à son fantasme de sensualité et de faste. Mais la fin justifie les moyens. Carmen est sauvée par son imagination enflammée et son rêve de toujours : revoir Venise, quitte à y mourir.
Un texte vif, plein d'humour noir.

Éditions Lunatique, collection 36e Deux Sous, 2014, 24 pages.

samedi 3 janvier 2015

Un Page dans ce monde de brutes

Ceux qui aiment Haruki Murakami (1Q84) et Laurent Gounelle (L'homme qui voulait être heureux) aimeront Je suis un dragon de Martin Page, qui écrit également sous le nom de Pit Agarmen.
Cette fable fantastique propose un message positif et réjouira tous les faibles, les inadaptés, les décalés, tous ceux qui ne rentrent pas dans le moule ou ne se sentent pas en accord avec les puissants, les politiques, les imposteurs... (liste non exhaustive). Face à la noirceur du monde, Martin Page cherche des façons de survivre dans ce monde de brutes.
L'histoire raconte le parcours initiatique d'une adolescente dotée de super pouvoirs qui cherche un moyen pacifique de se protéger contre ses agresseurs et ses manipulateurs.
Dans les quatre pages de remerciements en fin d'ouvrage, Martin Page précise :
"Je dédie ce livre à toutes celles et à tous ceux qui n'arrivent pas à vivre ("J'aime ceux qui ne savent pas comment vivre", Nietzsche), à tous ceux qui ont du mal à payer leurs factures, à tous ceux qui ont froid en hiver, à tous ceux qui ont été blessés, violés, battus, humiliés, méprisés, moqués. À tous ceux qui perdent et à tous ceux qui chutent. Je dédie ce livre à tous les superhéros qui ne portent pas de capes, mais qui changent le monde par des actes minuscules, qui sauvent discrètement, sans bruit et sans récompense, et surtout qui se sauvent. Je ne dédie pas ce livre à ceux qui s'en sortent trop bien."
Martin Page serait donc un messager d'espoir, un page des pages.

Éditions Robert Laffont, 2015, 288 pages.

Pour être à la Page, consultez le site de l'auteur.
Voir aussi celui de Pit Agarmen.