vendredi 29 janvier 2016

À pas feutrés de la nuit à la nuit

Henning Mankell partageait sa vie entre la Suède et le Mozambique où il a longtemps dirigé un théâtre. Auteur de pièces de théâtre et de livres pour la jeunesse, il est surtout célèbre pour ses romans policiers dont le héros est le commissaire Kurt Wallander. Mais c'est son roman Les Chaussures italiennes que j'avais adoré, peuplé de personnages libres, originaux ou marginaux, au caractère bien trempé.
Sable mouvant, Fragments de ma vie est un livre autobiographique
qu'il commence à écrire lorsqu'il apprend qu'il est atteint d'un cancer (qui l'emportera finalement en octobre 2015). La mort l'attend dans le vestibule et il est temps pour lui de se retourner sur sa propre histoire, de s'interroger sur ce que c'est que vivre, d'évoquer des souvenirs personnels et des sujets de société qui lui tiennent à cœur.
Henning Mankell est un conteur mais aussi un homme engagé, passionnant, responsable de ses choix dans une société injuste.
Dès les premières pages, on se sent happé, englouti dans ce sable mouvant, émouvant.
D'aucuns trouvent leur vérité dans les religions. D'autres continuent de tourner leur regard vers les étoiles. Quand j'étais enfant, une nuit — c'était une nuit glaciale, je n'arrivais pas à dormir —, j'ai vu apparaître un chien solitaire qui courait dans la rue, éclairé par un lampadaire qui oscillait dans le vent. Puis l'obscurité l'a avalé. Il me semble parfois que toutes mes questions sur la vie et la mort, le passé et l'avenir, ont partie liée avec ce chien filant à pas feutrés de la nuit à la nuit.

Éditions du Seuil, 2015, 368 pages. 

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