dimanche 29 mai 2016

Une vie de Roman

L'autobiographie du cinéaste Roman Polanski, judicieusement intitulée Roman, était épuisée. Il avait écrit ce livre au début des années 80, à une époque où il dit avoir vu sa vie complètement inventée par les médias, juste après l'affaire qui lui a valu la prison aux États-Unis. Plus de trente ans, plus tard, au moment où cette histoire resurgit, son livre est réédité.
On a répandu sur mon compte tant d'inexactitudes, de malentendus et de véritables calomnies que les gens qui ne me connaissent pas se font une idée entièrement fausse de ma personnalité. La rumeur publique, désormais amplifiée par l'énorme puissance des médias, vous crée une image qui s'attache à vous à jamais — une espèce de caricature qui passe pour la réalité. Je sais ce que je suis, ce que j'ai fait, et ce que je n'ai pas fait. Ce qui s'est passé et ce qui se passe.
Roman Polanski, d'origine polonaise, raconte l'enfant de la guerre qu'il a été, avec sa famille dispersée et sa mère qui ne revient pas des camps ; puis l'occupation hitlérienne et le communisme stalinien. Le cinéma devient rapidement une fascination, une obsession, ce qui le conduit naturellement en écoles d'art et de cinéma.
Il décrit avec minutie les difficultés de réalisation de ses premiers films : Répulsion, Le bal des vampires, Rosemary's baby, Chinatown, Le locataire, Tess...
Puis, son existence joyeuse et tumultueuse descend brusquement aux enfers avec le drame qui plombe définitivement tout : l'assassinat de sa femme Sharon Tate.
On ne peut qu'admirer son incroyable capacité à surmonter la violence de la vie. Mais il faudrait encore 500 pages pour raconter la suite, sa vie familiale apaisée avec Emmanuelle Seigner et ses autres grands films comme Le pianiste, The Ghost writer, La Vénus à la fourrure, etc. 
On peut se demander aussi quel enfer a vécu sa victime, harcelée par les médias au point de vouloir enterrer l'affaire. Peut-on considérer qu'il a payé pour son crime ? Saura-t-on vraiment un jour ?

Éditions Fayard, 2016, 544 pages.

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