jeudi 18 août 2016

Autopsie d'une étoile

Dans L'autre qu'on adorait, son dernier roman d'autofiction, Catherine Cusset dissèque, avec précision et dans un style incisif, la trajectoire de son ami Thomas.
Il est fascinant, brillant, parfois trop franc, exalté, passionné, hyperactif, excessif en tout. La narratrice s'adresse à lui à la deuxième personne du singulier, comme s'il était encore vivant et pour éviter la distance du il.
Tu te sentais pourtant si proche de Proust — de la personne autant que de l'œuvre. Si des centaines de pages de la Recherche se passent à décrire des dîners, c'est en raison du temps que Proust y a consacré. L'un comme l'autre, vous êtes invités partout parce qu'il n'y a pas de convive plus intelligent, érudit, attentif, original et drôle : on ne s'ennuie jamais avec vous.
Il émigre aux États-Unis où il commence une carrière de professeur d'université qui aurait dû être remarquable, lui qui était promis à un brillant avenir, mais sa procrastination et ses maladresses lui ferment les portes, les unes après les autres. Impétueux voire violent, dispersé, il devient de plus en plus ingérable. Un mal le consume. D'échecs amoureux en plans sur la comète et en dérapages, sa dérive est inéluctable.

Éditions Gallimard, Collection Blanche, 2016, 304 pages.

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