jeudi 22 juin 2017

Un roman anguilliforme

Ali Zamir est un jeune (27 ans à la sortie du livre en 2016) Comorien qui a écrit ce premier roman, Anguille sous roche, dans un style très original.
C'est l'histoire d'une lycéenne comorienne qui est accrochée à une épave, au milieu des flots, entre les îles d'Anjouan et de Mayotte, d'un bout à l'autre du livre.
En situation de survie, elle raconte son parcours dans l'urgence. Elle s'exprime de façon précipitée, dans une logorrhée verbale — la ponctuation se résume à des virgules ! — et un langage à la fois familier (avec des expressions populaires et beaucoup d'adverbes) et littéraire, avec un vocabulaire parfois érudit.
Elle se prénomme Anguille (les personnages du roman portent tous des noms étranges, comme des surnoms : Crotale, Connaît-Tout, Vorace, Tranquille, Rescapé...). Sa façon sinueuse de s'exprimer et de se comporter évoque l'animal marin serpentiforme, et peut-être aussi les tourbillons et remous d'une mer agitée (mère agitée ?).
Révoltée et rebelle, elle raconte notamment sa passion amoureuse, sa vie de jeune fille, ses relations avec son amant, son père, sa sœur, sa tante...
Il est question d'adultères, de filiations cachées, mais aussi de problèmes économiques (et politiques ; cela n'a peut-être pas de rapport, mais on se souvient qu'Ali Zamir avait eu du mal à obtenir un visa pour la France) de cette région de l'océan Indien des Comores et de Mayotte ; par exemple, la situation des réfugiés et des travailleurs clandestins qui transitent et s'entassent sur de fragiles embarcations (mais je ne veux pas trop dévoiler le fil de l'histoire).
Bref, c'est du jamais lu.

Le Tripode, 2016, 320 pages. 
Anguille sous roche  a été sélectionné pour de nombreux prix littéraires et a notamment obtenu le Prix Senghor du premier roman francophone et francophile.

vendredi 16 juin 2017

Parler vrai et assumer

Le titre, le sujet et la couverture orange retiennent l'attention : L'art subtil de s'en foutre - Un guide à contre-courant pour être soi-même.  
Mark Manson s'insurge contre ces diktats de la compétition et du toujours plus (ces injonctions à être meilleur, positif, en bonne santé, riche, sexy, productif, etc.) qui nous rendent malades au lieu de nous rendre meilleurs, alors que parfois tout va mal et qu'on a plutôt envie de claquer la porte et mettre un bon coup de pied dans la fourmilière ! Certes, nous vivons en société et il vaut mieux être bienveillant et agréable avec les autres pour maintenir un tant soit peu de bonne ambiance.
Prenant à rebrousse-poil les livres de développement personnel classiques avec un ton décontracté et déculpabilisant, cet essai inspiré de son blog (à abonnement payant) est une façon de prendre la vie du bon côté même quand elle ne se présente pas sous son meilleur jour, et surtout sans se prendre la tête. 
Son premier exemple est Bukowski, ce raté extraordinaire qui a quand même réussi tardivement. Comme quoi, on peut être un raté longtemps, mais tout n'est pas perdu et c'est encore mieux en l'assumant. L'important est de ne pas en rajouter une couche en se culpabilisant.
Ce livre ne prétend pas nous rendre meilleur mais nous aider à mieux nous assumer, tels que nous sommes avec nos vilains défauts. Il ne sert à rien de s'acharner à se pourrir la vie à vouloir être comme il faudrait être, c'est-à-dire parfait (et forcément échouer). Il vaut mieux se focaliser sur ce qui compte vraiment pour nous et envoyer bouler tout le reste.
Ce serait donc ça, la voie du bonheur selon Mark Manson : parler vrai et assumer.

Éditions Eyrolles, 2017, 190 pages.
Consulter le blog de l'auteur.