jeudi 14 septembre 2017

Bukowski et la création

Sur l'écriture est une anthologie de lettres de Charles Bukowski sur le thème de... l'écriture. Forcément.
On admire ou on déteste l'auteur des Contes de la folie ordinaire, mais il faut avouer que cette correspondance, de 1945 à 1993, le rend attachant car toujours égal à lui-même, spontané, fuyant les mondanités, même quand le succès s'est présenté.
Il écrit principalement à des responsables de revues, des éditeurs, des amis et d'autres poètes ou écrivains qu'il admirait comme Henry Miller ou John Fante.
Où l'on apprend avec stupeur qu'à ses débuts, il envoyait ses poèmes à des revues sans garder de double et que, si on les lui renvoyait sans les publier, il les jetait aussitôt. Autant dire qu'il a commencé par essuyer de nombreux refus. Mais, extrêmement prolifique, il en aurait écrit des milliers...
Il évoque également les corrections qu'on infligeait à ses textes, sa façon de voir la vie et la création. Il ne mâche pas ses mots pour fustiger la plupart de ses lectures car pour lui "les seuls écrivains qui ont du style sont ceux qui écrivent pour ne pas devenir fous."
Il rappelle à qui veut l'entendre les auteurs qui l'ont influencé : John Fante, Céline, Dostoïevski et Sherwood Anderson.
Il peut exprimer sa reconnaissance et sa fidélité à son éditeur de toujours, John Martin, puis l'accuser, un an plus tard, de le tuer à petit feu en restreignant la publication de ses écrits pour spéculer sur une attente chez les lecteurs.
Comme dans ses romans autobiographiques, on retrouve son goût pour (dans le désordre) la solitude, l'alcool, les femmes, la musique classique et les courses de chevaux... Et bien sûr, son obsession de l'écriture.
Parfois j'ai qualifié l'écriture de maladie. Si c'est le cas, je suis heureux qu'elle m'ait contaminé. Je n'ai jamais pénétré dans cette pièce et regardé cette machine à écrire sans avoir l'impression que quelque chose quelque part, quelques dieux étranges ou quelque chose d'absolument innommable m'avaient fait don d'une tchatche, d'un bagout et d'une chance merveilleuse qui dure et dure et dure. Oh oui. 
Au Diable Vauvert, traduit de l'anglais (États-Unis) par Romain Monnery, 2017, 332 pages.
Romain Monnery est également romancier et a notamment publié, Le saut du requin, chez le même éditeur.

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