mardi 31 octobre 2017

Le Cri du Margouillat sur son 31

Je viens de recevoir le dernier numéro du Cri du Margouillat, cette belle revue de bande dessinée de La Réunion. Je feuillette et je ne peux m'empêcher de lire une histoire... Allez, deux. Pas plus, promis, j'ai à faire.
Hobopok et Greg Loyau remettent à sa place Juliette Dodu : démasquée l'affabulatrice ! Ensuite, une histoire décalée de Jean-Noël Lafargue nous rappelle forcément nos rocambolesques dialogues de sourds avec un opérateur inopérant... Très bien vu, très bien écrit.
Je tourne les pages et oh ! les histoires de Flo : j'adore. Juste une dernière... Trop drôle !
Bon. Finalement, il y a combien de temps que je suis absorbée par ma lecture ? Je ne compte plus. L'après-midi passe... C'est addictif ! C'est régressif à souhait, c'est excellent !
Ce sont 208 pages d'histoires et de dessins, cocasses, magnifiques, drôles, poétiques, engagés, absurdes... avec des interviews de pointures de la BD et un courrier des lecteurs hilarant où se cachent de célèbres anonymes.
Des dizaines d'auteurs et d'autrices ont contribué à ce numéro. Il y a les stars de la BD réunionnaise et d'ailleurs — Appollo, Tehem, Lewis Tronheim, Michel Faure, Hippolyte, Li-An, Stéphane Bertaud, Boby, Joe Dog, Ronan Lancelot, Guy Delisle, Anjale, Saï, Sara Quod, Sophie Awaad, Nimbus, par exemple, je ne peux pas tous les citer — et bien d'autres graines de stars.
Autant de surprises, de styles, d'univers cosmopolites et incroyables, en français et en créole.
Bravo pour ce beau numéro !

Pour recevoir ce numéro dans sa boîte aux lettres, il suffit de le commander là : Le Cri du Margouillat.

Éditions du Centre du Monde, Le Cri du Margouillat n° 31, 2017.
Lire aussi ma chronique sur le numéro 30.

vendredi 27 octobre 2017

En marchant, en contemplant avec Thoreau

Deux courts textes d'Henry D. Thoreau (1817-1862) sont parus aux éditions Le mot et le reste* : Marcher et Teintes d'automne.
Michel Granger, professeur de littérature américaine, les encadre d'introductions et éléments biographiques pour mieux comprendre les multiples facettes de Thoreau, philosophe, visionnaire de la nature, essayiste, poète, marcheur...
Teintes d'automne était le thème de la dernière conférence — à l'automne de sa vie, donc — de Thoreau, un sujet qui lui tenait à cœur et pour lequel il prenait depuis longtemps des notes.
Ces magnifiques observations sur la nature en cette saison sont regroupées en différentes parties : les herbes violettes, l'érable rouge, l'orme, les feuilles tombées, l'érable à sucre, le chêne écarlate.
Dans Marcher, Thoreau fait l'éloge de la marche qu'il considère comme un art noble aux nombreuses vertus, un véritable art de vivre, une façon de penser le monde.
Je crois que pour préserver ma santé et ma bonne humeur, il me faut passer au moins quatre heures par jour — et souvent beaucoup plus — à me promener à travers bois, par monts et par vaux, absolument libre de toute contingence matérielle.
Ce sont deux petits livres avec de grandes idées : de quoi réfléchir, méditer, contempler, rêver...
C'est encore mieux de les lire en pleine nature, au pied d'un arbre.

Éditions Le mot et le reste, introductions et postfaces de Michel Granger, 2017, 96 pages, 11 x 17,6 cm, 3 euros chacun. 
* Voir les nombreux textes de Thoreau publiés par la maison dont l'intégralité de ses essais.

jeudi 26 octobre 2017

Le langage des fleurs de Proust

Avec L'herbier de Marcel Proust, Dane Mc Dowell nous invite dans le jardin imaginaire de Marcel Proust, qui se comparaît à un botaniste moral.
L'œuvre de l'écrivain est en effet parsemée de fleurs et plantes, comme autant de métaphores d'une extrême précision, de souvenirs, d'images de couleurs, de parfums — lui qui les craignait tant à cause de son asthme —, de grâce ou d'épines... jusqu'au titre du roman À l'ombre des jeunes filles en fleurs.
On pense immédiatement aux catleyas, aux chrysanthèmes, aux aubépines, aux lilas des jardins de son enfance...
L'aubépine vue par Djohr.
L'œuvre de Proust est ainsi revisitée à partir d'un herbier circonstancié et classé en quatre chapitres : les fleurs de l'innocence, les fleurs de salon, les fleurs du mal et l'herbier de la mémoire.
Les 65 fiches de plantes sont superbement illustrées par des collages façon planches botaniques et collages surréalistes et délicats signés Djohr.
Un très beau livre de botanique littéraire.

Éditions Flammarion, 2017, 224 pages.

mardi 24 octobre 2017

L'amour au temps des boyards

En se plongeant dans Le destin d'Anna Pavlovna d'Alekseï Pisemski, écrit en 1847, on pense aux œuvres russes, bien sûr, à Anna Karénine, aux pièces de Tchekov, mais aussi à Madame Bovary et aux Liaisons dangereuses.
C'est un classique méconnu, bien écrit et prenant, riches en rebondissements.
Dans le milieu de la petite noblesse de propriétaires terriens — les boyards — plus ou moins argentés, dans les années 1850, on assiste aux stratégies des personnages ambivalents pour séduire, manipuler, médire, survivre...
C'est l'histoire d'Anna Pavlona qui s'étiole à la campagne avec un mari frustré et rustre. Un jeune homme qu'elle a secrètement aimé jadis fait son apparition et un vieux comte fortuné lui fait la cour.
Il y a aussi une jolie histoire sur les romans de Pisemski : c'est la traductrice, Hélène Rousselot, qui la raconte dans la préface. Elle a retrouvé les livres de l'auteur russe dans la bibliothèque de sa grand-mère — qui était elle-même traductrice, entre autres, de Nina Berberova — et a souhaité les partager.
Une magnifique découverte ! 

Éditions HD, ateliers Henry Dougier, traduit du russe par Hélène Rousselot, 2017, 250 pages.

lundi 23 octobre 2017

12°5, le jajazine qui se boit des yeux

Mmmm ! Que bois-je ? Non, que vois-je en librairie ? Une superbe revue sur le vin : 12°5, des raisins et des hommes. C'est le n° 3. Je feuillette : de magnifiques photos en noir et blanc ou en couleurs, de belles illustrations de Michel Tolmer, des sujets intéressants sur le vin nature, la biodynamie, le cognac bio...
C'est une revue d'art, mais spécialisée sur le vin. Certains vignerons sont aussi des artistes, on ne le dit jamais assez.
Aucune publicité (comme sur ce blog : c'est reposant, n'est-ce pas ?).
Ni une ni deux : j'achète.
Les articles sont bien écrits, sur un ton impertinent et décontracté, engagés sur le respect de l'environnement, le goût des bonnes choses et des bons mots. On y parle de jaja et de quilles, de barriques, d'artisans, de vignerons et vigneronnes passionnés, d'histoires (comme celle, surprenante, du chanoine Kir), de terroirs, avec des réflexions (Ça sulfite maintenant et autres idées reçues sur le vin blanc), des recettes alléchantes...
Ce jajazine est édité par 180°, un collectif d'associés autour d'une édition culinaire hédoniste qui publie aussi une revue trimestrielle — 180°C, des recettes et des hommes — sur la cuisine, mais aussi des livres (des Traités de Miamologie sur les légumes ou la pâtisserie), une gazette, des hors-série...
La joyeuse équipe a créé la communauté des Libres-Mangeurs et une Déclaration sur ce que devrait devenir notre alimentation :
"non plus un enjeu capitalistique comme les autres biens marchands, mais un espace de liberté dans lequel consommateurs, producteurs, industriels et distributeurs coexisteraient, chacun au bénéfice des autres. On peut toujours rêver. Mais n’y a-t-il pas quelque utopie derrière les grandes idées qui, après coup, ont fait leur chemin ?" 

Si je vous ai donné l'eau à la bouche, sachez que ce semestriel qui se boit des yeux est uniquement vendu en librairie.

Vous pouvez lire la Déclaration et signer la pétition : ici.
Et visiter le site des revues hédonistes 180°C et 12°5.

mercredi 11 octobre 2017

Merci Gaspard de Lalune !

Le titre donne tout de suite le ton : La guerre à la politesse est un combat sans merci.
Gaspard de Lalune, l'auteur, est un pseudo du facétieux Vincent Falgueyret, qui se cache aussi derrière l'autre pseudo d'Auguste Derrière, auteur de livres aux titres tout aussi joyeux : Les Mites n'aiment pas les légendes, Les Girafes n'aiment pas les tunnels, Les Moustiques n'aiment pas les applaudissements...
Qui est Gaspard de Lalune ?
"Il offre un regard amusé sur notre société, tel un phare, ayant pour seule arme la plume et l'art, le plum'art (terme signifiant une sorte de procrastination artistique et humoristique où la flemme créatrice est l'avenir de l'homme)."
Cet album illustre avec un superbe graphisme à l'ancienne des jeux de mots et des rébus, sous forme de fausses publicités, planches encyclopédiques, gravures... dont un jeu de mot spécialement créé pour moi (vous trouverez peut-être aussi le vôtre page 58).
C'est magnifique et très drôle, mais inénarrable : comment voulez-vous que je vous raconte des dessins ? Il faut les voir pour glousser et lire les textes pour rire. C'est bien connu : un beau dessin vaut mieux qu'un long discours...
Merci Gaspard de Lalune pour ce très beau travail !

Éditions Textuel, 2017, 64 pages, 24 x 32 cm (c'est un grand et beau format).

Le petit dernier, tout mignon, pour la route et en silence :


jeudi 5 octobre 2017

Kanyar y est !

La revue Kanyar de nouvelles littéraires "de l'île de La Réunion et du monde entier qui l'entoure" sera au 27e Salon de la revue qui se tiendra du vendredi 10 au dimanche 12 novembre 2017*. Venez nous voir : l'entrée est gratuite. Des auteurs et Amis de Kanyar seront présents pendant le salon, dont Cécile Antoir, Sophie Castille, Agnès Contensou, Albertine Itela, Anna Pangrani, Fabienne Pompey, Jean-Christophe Dalléry, Emmanuel Gédouin, Xavier Marotte (auteur fantastique), Edward Roux... et moi-même : Marie Martinez.
C'est le plus grand rassemblement de revues en France — peut-être même au monde ! Vous ne soupçonnez pas le foisonnement de création dans les revues culturelles, plus ou moins confidentielles et spécialisées.
Vous ne les voyez pas forcément en kiosque. C'est le moment de les découvrir.
Quelque 200 revues seront présentes sur les stands et plus de 30 animations, débats et autres réjouissances auront lieu tout le long du weekend, avant et après.
Nous aurons bien sûr des numéros de Kanyar.
Au plaisir de vous voir !

Téléchargez le programme complet.

* Horaires :
- vendredi 10 novembre : 20 à 22 h
- samedi 11 novembre de 10 à 20 h
- et enfin dimanche 12 novembre de 10 à 19 h 30

Halle des Blancs-Manteaux
48, rue Vieille-du-Temple
75004 Paris
Entrée libre et gratuite.

Chroniques sur Kanyar :
- Kanyar 5
- Kanyar 4
- Kanyar 3
- Kanyar 2
- Kanyar 1

Tchikan ou prédateur sexuel de petites filles

Les chiffres de l'association Mémoire Traumatique et Victimologie sont effarants : une femme sur cinq et un homme sur quatorze déclarent avoir déjà subi des violences sexuelles. Dans 81 % des cas, les victimes sont des mineurs.
Qu'en est-il au Japon ? Le fléau est d'autant plus répandu qu'il est encore plus tabou que chez nous. Même si les choses commencent à évoluer depuis quelques années et que, par exemple, des rames spéciales pour les femmes sont présentes dans les trains — le principal lieu des crimes aux heures de pointe —, ce n'est pas suffisant, voire contre-productif, car la prise de conscience du délit n'est pas réelle dans l'ensemble de la société.
Les collégiennes en uniformes sont des proies idéales : marquées physiquement, totalement innocentes (contrairement à la trop répandue légende des Lolitas délurées) et sous-informées. Elles ne comprennent pas ce qui leur arrive et se heurtent à des murs de tabous.
C'est sa propre expérience que raconte Kumi Sasaki avec Emmanuel Arnaud dans Tchikan (Tchikan signifie : prédateur sexuel de très jeunes filles). De l'âge de 12 ans jusqu'à son entrée en université, elle a subit quotidiennement les assauts de ces messieurs-tout-le-monde aux heures de pointe dans les transports en commun sans être vraiment entendue par les adultes.
Son vibrant et sidérant témoignage, alors qu'elle a maintenant 33 ans et vit à Paris, nous plonge dans le désarroi et l'isolement qu'elle a ressenti à cette époque, à hauteur de petite fille pétrifiée, avec dessins à l'appui. Son cas et son traumatisme, comme les chiffres l'indiquent, sont loin d'être isolés.
Nous espérons, comme elle, que son récit pourra lever le voile sur ce grave fait de société, aider d'autres jeunes victimes, et éveiller les consciences face à l'impunité des prédateurs, au Japon comme partout dans le monde.

Éditions Thierry Marchaisse, 2017, 128 pages. Préface du Dr Ghada Hatem, fondatrice de La Maison des femmes.
Une soirée de lancement est prévue samedi 21 octobre : toutes les informations ici.

Pourquoi elles sont méconnues

Ni vues ni connues du collectif Georgette Sand* est plus qu'un livre pour remettre à leurs justes places d'illustres inconnues qui ont disparu de l'histoire : c'est un réjouissant guide sur l'invisibilisation. Un livre qui dénonce et propose de comprendre — avec beaucoup d'humour —, mais surtout un guide qui permet de décoder et ne pas tomber dans le piège de l'invisibilisation. Voilà pourquoi on se réjouit à sa lecture : c'est positif et inspirant !
Mais qu'est-ce que l'invisibilisation ? Ce sont les mécanismes qui rendent invisibles les femmes dans l'histoire : gommées de la carte ou dont l'histoire est déformée, déjà victimes de fake news. Il y a de multiples raisons à cela : elles n'ont pas fait valoir leur talent, par modestie ou éducation ; elles ont été victimes de condescendance ou de minimisation par leurs pairs ; elles faisaient de l'ombre à leur entourage familial ou sentimental ; elles ont été évincées par l'État ou l'Église ; elles ont subi des légendes noires, plus ou moins mythiques, autour de leurs actions.
Les 75 portraits de femmes fascinantes du livre — artistes, aventurières, mais aussi méchantes inventées ou avérées, femmes de pouvoir, intellectuelles, militantes, scientifiques — ne constituent pas une liste exhaustive, bien entendu, mais ont été sélectionnés car "chaque cas met au jour une intrigue particulière, une manière spécifique d'ignorer, de dissimuler, voire d'effacer les traces."
Dans la postface, Pénélope Bagieu raconte comment Mary Blair, dessinatrice chez Walt Disney qui n'est que très rarement mentionnée, lui a ouvert la voie. Mais comment montrer le chemin aux autres quand on est invisible ?
Luttons pour reprendre notre juste place et notre visibilité, les filles !
Brava et vive Georgette Sand !

Éditions Hugo & Compagnie, collection Les Simone, 2017, 256 pages.
Préface de Michelle Perrot, postface de Pénélope Bagieu.

* Le collectif Georgette Sand, créé en 2013, défend l’idée qu’on ne devrait plus s’appeler George pour être prise au sérieux. Il s’attache à déconstruire les stéréotypes, à renforcer la capacité d’émancipation des femmes et à améliorer leur visibilité dans le monde.

mercredi 4 octobre 2017

Vie, métier, art d'écrire

Deux livres de Joyce Carol Oates paraissent en même temps chez Philippe Rey : La foi d'un écrivain et Paysage perdu. Deux livres autobiographiques, si proches qu'un chapitre est commun aux deux.
Paysage perdu est un livre de souvenirs, souvent liés à des lieux, mais surtout à des personnes (dont les noms ont parfois été modifiés) écrit avec une intelligence et une pudeur délicate et passionnée, par une dame qui approche maintenant les 80 ans. Certains chapitres étaient déjà parus dans des revues et ont été rassemblés, augmentés.
Au commencement, nous sommes des enfants imaginant des fantômes qui nous effraient. Peu à peu, au cours de nos longues vies, nous devenons nous-mêmes ces fantômes, hantant les paysages perdus de notre enfance.
Joyce Carol Oates a écrit peu d'ouvrages autobiographiques (mis à part les extraits de ses journaux), ils sont donc faciles à compter. Il y a notamment le très émouvant J'ai réussi à rester en vie, en hommage à son mari Raymond Smith. Pour les autres (romans, essais, poésie, nouvelles, pièces de théâtre), plus d'une centaine — elle-même ne sait pas combien elle en a écrit.
L'œuvre d'un écrivain est une transcription codée de sa vie. L'œuvre (publique) témoigne de la vie (privée). À mesure que les années passent, toutefois, la vie intime/secrète s'effaçant pour se réduire à ses grandes lignes, la clé du code elle-même finit par se perdre, car les secrets passés ne sont jamais aussi irrésistiblement secrets que les actuels. Mais l'œuvre reste, les livres restent, comme un genre de témoignage.

Déjà édité en 2004, j'avais lu La foi d'un écrivain et l'ai relu avec grand plaisir.
Enseignante en écriture créative (ou création littéraire), elle sait parler de littérature, de l'obsession d'écrire et du processus de création. Elle se sort donc à merveille de questions impossibles comme : pourquoi écrivez-vous ? pourquoi lisez-vous ? comment devient-on écrivain ? qu'est-ce qui vous inspire ? qui vous inspire ?
Elle évoque également son goût pour la course, son atelier, la question du dédoublement de la personne et de l'écrivain (un thème qui traverse ses romans), mais aussi chez d'autres écrivains les questions de l'échec et de l'autocritique.
Deux livres passionnants sur la littérature d'une dame qu'on aurait bien aimé avoir comme professeur.

Éditions Philippe Rey, traduits par Claude Seban, 2017.
- La foi d'un écrivain, 160 pages.
- Paysage perdu, 432 pages.

Mes autres chroniques sur Joyce Carol Oates :
- Valet de pique ;
- J'ai réussi à rester en vie.

La faute à qui ?

La Convivialité - La faute de l'orthographe d'Arnaud Hoedt et Jérôme Piron* est le texte d'une pièce de théâtre** bien particulière puisqu'il s'agit de linguistique vu par des Belges. Non, ne partez pas ! C'est très très drôle (et instructif) : une anthologie des bizarreries, absurdités et aberrations de la langue française avec des exemples et des dessins pleins d'humour. 
Textes, illustrations et bande dessinée composent ce livre qui s'élève contre le dogme de l'orthographe française qui crée une discrimination sociale, entre autres.
Quand un outil n'est plus au service de l'homme, mais que c'est l'homme qui est au service de l'outil, cet outil a alors dépassé ce qu'on appelle son seuil de convivialité.
Moi non plus, je ne suis pas toujours d'accord avec l'Académie française même si je m'applique et applique autant que possible les règles. L'orthographe est une histoire compliquée — qui complique la vie de beaucoup — et qui est parfois le fruit d'erreurs comme ce nénufar, confondu avec nymphéa, qui s'est vu affublé, comme une fleur, d'un ph grec.
Erreurs, oublis, confusions... j'en passe et des meilleures, mais la faute à qui ?
Traditionnellement, la confiture de groseilles prend un s à groseilles parce qu'en gros, on aperçoit la forme des fruits.
Alors que la gelée de groseille, qui est une masse informe, ne prend pas de s à groseille.
Donc la présence du s dépend du temps de cuisson.

Éditions Textuel, 2017, 104 pages.

* Illustrations de Kevin Matagne.
** La Convivialité créée en 2016 au Théâtre National de Bruxelles sera jouée au Théâtre Monfort à Paris du 18 au 21 octobre 2017 et au Merlan à Marseille en mars 2018.