vendredi 18 mai 2018

Roulio relève le (poil) plat

Un simple prénom pour nom d'autrice, Julia, et un titre qui décoiffe, Roulio fauche le poil : nous voilà partis dans une aventure échevelée, ou plutôt épilée, enfin... au poil !
Mademoiselle de Printemps (Roulio de Printemps, donc, mais que chacun appelle de son surnom personnel) est une fille somme toute (extra)ordinaire : une jeune fille sans emploi (mais esthéti'hyène de son état) sans amoureux et un peu perdue à Paris.
N'écoutant que son grand cœur, elle s'occupe du mieux qu'elle peut de sa cocasse grand-mère marseillaise en maison de retraite (qui hurle à qui veut l'entendre qu'elle veut sortir de là), et prend sous son aile un SDF du quartier, Marcel, à moins que ce ne soit l'inverse.
Comme autres personnages, nous avons aussi quatre chats hystériques et un voisin qui a tout pour plaire, mais que notre héroïne fuit comme la peste. Et comme dit son ami Marcel :
Quand faut pas y aller, tu y vas. Et alors quand faut y aller, hein, bin t'y vas pas. Si tu vois de quoi et de qui je veux parler.
Quand on n'a que son grand cœur dans la vie, ce qui compte c'est d'avoir du style et notre Roulio n'en manque pas : elle a la gouaille burlesque et poétique d'une Précieuse qui aurait avalé le capitaine Haddock, et vous relève le plat d'une vie aussi désespérante que chaotique.
Mots-valises, fantaisies langagières, envolées pittoresques aux accents étrangers, scènes rocambolesques, humour désopilant... Roulio-Julia a la langue bien pendue et le langage fleuri, voire mordant, surtout chez le dentiste furibard dans le doigt duquel elle vient de planter ses canines.
Je sors du cabinet sans demander mon reste et rampe jusqu'au bureau de la secrétaire, laquelle beugle dans la foulée :
— Mais qu'est-ce qu'il se passe là-dedans ?
J'hausse les épaules et déballe mon petit chéquier, sous ses yeux mortifiés de lapine albinos prise dans les phares d'un 4x4 immatriculé l'Estaque Gare. En l'espace d'un an, périple au Canada compris, c'est le troisième dentiste que je mords. Si señor.
Et pour illustrer le fait qu'on plane à 100 miles dans ce roman, une superbe et fascinante photo de couverture signée Jerry Pigeon, alias LePigeon.

Éditions Le Tripode, printemps 2018, 240 pages.

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